Le déplacement entre les îles

Comment donc passe-t-on d'une île à l'autre dans cet étrange univers qu'est l'Astorack ?

Certains gnomes ont tenté d'élaborer des machines volantes, mais ils ont lamentablement échoué dans leur travaux à chaque fois, avec la plupart du temps des conséquences fâcheuses pour l'inventeur. Un grand nombre d'écrits ont tenté d'expliquer ces échecs, et sont consultables dans toutes les bonnes bibliothèques de l'Astorack. Je tiens à signaler que Noldor lui-même a apporté sa maigre contribution à ces réflexions, à travers son intéressante théorie de la P.E.S.A.N.T.E.U.R. (Phénomène Etrange et Sensationnel Aboutissant à la Neutralisation des Tentatives Expérimentales d'Utiliser la Réaction), qui a pour inconvénient majeur de ne s'appliquer qu'aux modèles volants à propulsion mécanique, qui ne contituent qu'une petite partie du total. Mais passons sur cette question pourtant intéressante.

Parmi les moyens plus "conventionnels" de circulation entre îles, deux solutions existent.

D'une part, la téléportation. Très coûteuse, elle ne représente qu'une minorité du transit, ce qui est d'ailleurs heureux, car certains mages affirment qu'une utilisation trop ambitieuse du plan astral ne pourrait qu'aboutir à une déstabilisation totale et définitive de l'équilibre du multivers, et ainsi à la destruction de l'Astorack.
Cela dit, le Royaume du Palandôr s'est fait une spécialité de ce genre de transport, et ses guildes de mages en tirent un revenu non négligeable.
En effet, Arëladannon, la petite île qui coupe Celebrintalath du reste du monde et notamment de Teldagorost, est infestée de pillards et autres brigands qu'aucun souverain celtalathien n'a eu le courage de chasser. Au fil du temps, et malgré le surcoût en espèces sonnantes et trébuchantes que cela impliquait, les marchands qui effectuaient l'aller-retour entre Teldagorost et Aramãn ont estimé que leur vie valait bien plus que quelques pièces d'or, aboutissant à la généralisation des portails de téléportation dans les hauteurs de la capitale d'Argent.
Mais c'est le seul exemple d'emploi aussi massif de portails dans l'Astorack, et partout ailleurs on préfère employer les Ponts, bien moins coûteux.

L'origine des Ponts se perd dans la nuit des temps, et même si quelques audacieuses théories ont été formulées à leur sujet, et qu'on se doute bien que les Puissants ne sont pas étrangers à leur existence, nul ne peut affirmer qui les a construit et pourquoi.
Ces gigantesques constructions de pierre brute constituent le passage obligé d'une île à l'autre, et la plupart des îles ne sont reliées au reste de l'Astorack que par un pont. Les Ponts ne s'usent jamais et leur matière se renouvelle d'elle-même, ce qui est source d'un infini émerveillement parmi tous les scientifiques de l'Astorack, d'autant que la pierre constitutive des Ponts perd toute propriété surnaturelle si elle est arrachée à son Pont.
Concrètement, les Ponts sont d'immenses arches de longueur variable selon l'île, entre une petite dizaine de kilomètres pour les plus courts jusqu'à plusieurs centaines pour les plus longs, et large en général d'un petit kilomètre. Ils permettent la circulation des hommes et des marchandises entre les îles, et malgré un accord de libre circulation internationale qui interdit à quiconque d'établir une taxe de passage de quelque forme que ce soit sur un quelconque Pont, de peur que ne se développe une véritable industrie douanière qui contrôlerait toutes les transactions du monde, certains Etats ont profité de cette opportunité stratégique exceptionnelle pour construire de grandes forteresses défensives juste à la sortie de leur Pont. Heureusement, quelque part, parce que c'est cette raison fondamentale qui justifia par le passé l'érection de la Forteresse d'Argent, sans laquelle la menace de l'Ordre Ténébreux n'aurait sans doute pas pu être contenue de manière aussi efficace.
Certains théoriciens de la géopolitique prétendent aussi que les Ponts justifient l'existence de si grands empires ou royaumes à travers l'Astorack, royaumes que la théorie politique seule a sinon du mal à appréhender, voyant dans leur taille une source certaine d'instabilité. D'après les tenants de la théorie du royaume unique sur une île unique, le Pont est un vecteur très fort de cohésion entre peuples d'une même île, et l'Etat qui contrôle ce Pont est dans une position plus que privilégiée pour assumer le contrôle de l'île entière, les autres Etats de la région dépendant quelque part de lui pour leurs transactions internationales. Mais nous n'entrerons pas ici dans les détails de cette élaboration théorique, certes intéressante, mais compliquée, et sur laquelle ont déjà été écrites des milliers et des milliers de pages de plus ou moins bonne qualité.